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Le pavillon des cultures
7 juin 2008

La fête des voisins : malheur des ménages.

Elle est arrivée dans nos contrées il y a quelques temps, instaurée mystérieusement par on ne sait trop qui, et s’est très vite développée, prônant partout et par tous les moyens l’amour et la solidarité au sein des copropriétés. Aujourd’hui, c’est presque une institution : la « journée Européenne des voisins » née en 2004 réunis plus de 150 villes de l’UE dans un bel élan de solidarité et tant à se développer également de la Turquie au Canada (en passant, en toute logique, par l’Azerbaïdjan).

Mais la fête des voisins, d’abord, c’est quoi ?

A tous ceux qui, comme moi, ont découvert ce concept dans les pubs Oncle-Ben’s, le prenant dans un premier temps pour un vil argument marketing, piège à Bobo visant à prouver qu’avec la hausse du prix des céréales la consommation massive de riz est un signe extérieur de richesse apte à impressionner le voisinage, j’ai décidé d’utiliser ma maigre expérience et mes propres observations pour vous livrer les secrets de la fête des voisins.

Les ingrédients d’une fête réussie :

-Le choix de l’immeuble : croyez moi ou pas, pour que votre fête des voisins soit un succès, le choix du cadre est primordial : il est nécessaire de situer l’action dans un quartier représentatif de la fracture sociale, de disposer d’un local relativement grand où dresser un buffet (de préférence à ciel ouvert) et, si possible, d’installer le tout dans une grande ville d’une région à climat tempéré, de façon à ce que le doute plane toute la soirée sur les risques de dégradation atmosphérique (comprendre : pluies, orages, baisse des températures).

-Le choix des voisins : là, un seul mot d’ordre : diversité. Pour que la fête soit réussie, il faut mixer des âges, les professions et les origines. En général, on cherchera à se procurer quelques personnages clefs pour assurer l’attraction, dont voici des exemples :

-le couple de vieux bourges qui dirigent la copropriété depuis des lustres et sont crains de tous pour leur capacité à faire chier,

-l’artiste maudit qui a le vent en poupe

-l’artiste maudit qui n’a plus le vent en poupe

-l’étrangère hystérique a fort accent et mode de vie conceptuel

-les nouveaux locataires

-la mère de famille atteinte du symptôme 3B (blonde belle et botoxée)

-la mère de famille qui aimerait être atteinte du syndrome 3B et son mari

-la retraitée un peu barge et un peu sourde

-de nombreux gosses (de préférence âgés de moins de 12ans, bruyants et mal élevés)

-le couple de jeunes gens dynamiques

-le vieux beauf alcoolique et libidineux

-le vieux beauf qui veut se faire passer pour un vieux beau (avec son meilleur copain en prime si promotion -50% sur le deuxième article acheté).

-Le choix de la date : Pour le coup, on ne vous laisse pas trop le choix : généralement la chose à lieu à une date arbitrairement fixée par ses mystérieux créateurs. Cette année, c’était le 29 mai. En général, le mieux et de s’assurer que, ce jours là, malgré toutes normes saisonnières, il fera froid et gris.

Pour la suite des ingrédients, c’est en fonction des goûts et des couleurs : on pensera si possible à prévoir un volume conséquent d’alcool, on n’oubliera pas de prévenir tout le monde au moyen d’une affichette sobre mais efficace et on essayera de se chopper la crève quelques jours avant la date fatidique : croyez moi, cette épreuve est un vrai chalenge si vous l’affrontez avec un bon rhume.

Let’s get it started

Voila : vous y êtes, il est l’heure prévue, dans la cour de votre immeuble deux longues tables sont prêtes à accueillir le buffet improvisé autour duquel vont se presser les protagonistes de la soirée.

Un petit conseil : préparez vous psychologiquement à renoncer à votre diner calme et a votre soirée passée à comater devant l’écran, et observez.

Car la Fête des voisins n’est pas seulement l’occasion de faire l’inventaire des capacités culinaires de toutes les vielles de l’immeuble : c’est également un sujet d’étude sociologique passionnant au court duquel ressortent toutes les querelles enfouies depuis des lustres dans les couloirs de votre résidence.

20h00

Les vieux bourges débarquent les premiers, exhibant, fiers comme Artaban, les six tourtes maison de madame et les trois bonnes bouteilles de monsieur

« Oui, oui, c’est moi qui les ait faites, recette de ma mère »

« Elles viennent de ma cave »

Ces deux répliques seront, soyez-en sûrs, les fils directeurs de la soirée.

Arrivée simultané du ou des vieux beaux

20h05

Arrivée de la retraitée et du Beauf alcoolique : ma première va voir Madame Tourte pour entamer une discussion passionnante sur ses petits enfants et son gâteau au chocolat, mon second se rapproche de Monsieur, pour entamer une discussion avec la bouteille.

20h10

Arrivée simultanée de la mère blonde et de la mère aigrie : regards meurtriers, c’est à celle qui mettra le mieux en avant les mérites de sa progéniture, déjà partie casser des verres.

L’étrangère débarque avec son chat, l’artiste maudit avec son chien.

20h15

Le chat est dans l’arbre et le chien en dessous, ou le contraire. Les enfants pleurent, l’étrangère hurle, l’artiste y voit une métaphore de la vie sauvage ; les premiers arrivants commencent à être un peu éméchés, on apporte de nouvelles bouteilles et des biscuits apéritifs.

Arrivée du jeune couple et du nouveau locataire, qui dit bonjours à tout le monde et spécialement à la poitrine de la mère blonde et botoxée.

20h35

Tout le monde est là : il commence à être évident qu’il y aura bien trop à manger et suffisamment à boire. Les enfants hurlent, les parents discutent : on remarque déjà des groupes immuables : les vieux beaux autour de la jeune mariée, les jeunes hommes autour de la paire de seins blonds, l’étrangère entre deux artistes incompris.

21h00

Le clash a eu lieu entre le moment où la tourte est tombée et celui où le sujet de la crise économique a fait irruption dans la discussion. Les mères de famille s’énervent, le nouveau locataire se cache, les enfants grimpent sur la table et le vieux beauf roule en dessous.

21h30

Le débat est interrompu par un nouvel incident diplomatique : le chien de l’artiste a mordu un gamin… Vous êtes déçu qu’il ne l’ait pas bouffé. La mère hurle sur l’artiste, l’enfant hurle tout court, l’artiste coure.

Les autres regardent en sirotant leur verre de rouge.

22h

Vous décidez de rentrer au moment où la mère de famille blasée demande le divorce en apprenant que son mari l’a trompé avec la blonde. L’étrangère est montée dans l’arbre pour récupérer son chat, les vieux beaux ont rejoint le vieux beauf, les jeunes mariés sont partis après la première assiette cassée, les vieux bourges mangent leurs tourtes, le nouveau locataire se cache toujours, les enfants le cherchent.

Le lendemain matin : 8h

En descendant, vous vous demandez comment les tourtes ont finies encastrées dans le mur et pourquoi les pompiers sont passés dans la nuit. L’étrangère est toujours dans l’arbre, le chien l’a rejoint, le chat est en dessous.

Vous, vous aurez eu le temps de détailler trois fois votre parcours et d’exposer à tout le monde votre projet professionnel, avant de vous entendre dire qu’avec la situation économique actuelle, vous ne servez à rien et finirez vendeur électroménager chez Leclerc.

Vous vous promettez de ne plus jamais mettre les pieds à la fête des voisins. Vous y retournerez l’an prochain pour accompagner vos parents/votre coloc’/votre compagne.

Vous passez à l’épicerie du coin acheter un paquet de riz Oncle Ben’s

GB

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Commentaires
A
Bah s'il y avait bel et bien un jeune cadre dynamique célibataire, ça change tout!<br /> <br /> Il est très bien ton article. Allez pense positif, pense grenouille :<br /> http://jp.youtube.com/watch?v=RUQBD4KD7R8<br />
G
Pour le rôle du jeune cadre dynamique célibataire est ici incarné par le "nouveau locataire". C’est le nouveau, jeune innocent et dynamique, locataire, cadre célibataire. Une double casquette qui était un peu trop longue pour entrer dans ma description.<br /> <br /> C'est vrai que cet article peut avoir un caractère un peu délirant, vu que j'ai volontairement légèrement forcé le trait pour rendre la chose humoristique (ou du moins distrayante). Néanmoins ce n'est pas un délire : ça ressemble vraiment dans les grandes lignes à ce que j'ai pu vivre vendredi soir (car la fête de mon immeuble avait été décalée) et c'est un coup de gueule et une petite satire sociale qui vise à donner mon opinion sur ce genre de coutumes et sur les relations de voisinage.<br /> <br /> Maintenant si, de l'avis général, je suis à coté de la plaque, je veux bien changer de catégorie.
A
Arhf la déception !<br /> Vu qu’il s’agissait du pavillon des cultures, je m’attendais à trouver vaguement un sujet culturé mais tout cela m’a bien l’air d’être simplement un gros délire (=>le pavillon des délires). Pour preuve j’en veux l’absence dans cette conglomération de voisins du jeune cadre dynamique célibataire. Tout voisinage à son jeune cadre dynamique célibataire et son absence ne peut signifier qu’une chose : cet article est une grossière imposture qui a pour but unique d’amuser la galerie !<br /> <br /> Déçu…
T
Mais quel magnifique compte-rendu d'étude sociologique à échelle réduite que voilà ! On sent que l'auteur a payé de sa personne pour tirer toutes ces informations du milieu hostile où elles se trouvaient, gage de leur qualité !<br /> Tout ceci me fait me dire que heureusement que je n'ai pas de voisin ou que, le cas échéant, je les massacre tous après avoir emménagé.
Le pavillon des cultures
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